Du bon usage de la tétine à la crèche

Publié le : 30/09/2020

Tototte, tétine, sucette … Peu importe le nom qu’on lui donne, elle fait partie du quotidien des parents et des professionnels de crèche. Aujourd’hui le débat pour ou contre la tétine n’est plus de mise. En revanche celui qui tourne autour de son usage déchaine encore quelques passions et tensions entre parents et pros. On fait le point.

Un besoin de succion reconnu

Aujourd’hui tous les spécialistes sont unanimes, le bébé a besoin de téter, d’ailleurs déjà dans le ventre maternel certains fœtus sucent leur pouce. Le bébé tète pour se nourrir bien sûr mais pas seulement ! Son besoin de succion va au-delà. Téter le rassure, le calme, le console. Par la succion, et le plus souvent via sa tétine, le petit enfant se sent en sécurité. C’est d’ailleurs pourquoi quand un petit enfant pleure, la tétine a un effet magique quasi immédiat. C’est aussi pourquoi c’est avec sa sucette qu’il s’endormira plus facilement. Mais pour lui téter est aussi tout simplement un plaisir.

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En collectivité : la tétine à la demande

Aujourd’hui la plupart des professionnels de la petite enfance militent pour un libre accès de la tétine. Les enfants les prennent et les enlèvent quand ils le veulent. On ne la réserve pas uniquement aux moments de repos, car la tétine est aussi réconfortante quand on attend son tour pour manger, quand un petit copain a piqué son jouet ou l’a mordu… Jamais on n’arrache une tétine à un enfant, jamais non plus on ne lui met d’office comme un bouchon anti-pleurs. Un bébé qui pleure a d’abord besoin d’un gros câlin. En revanche, les pros sont attentifs à la façon dont les petits « consomment » leur tétine. En effet, un bébé qui ne s’en détacherait jamais au cours de la journée serait un bébé qui ne se sent pas en sécurité.

Quand et comment sevrer les petits de la tétine ?

Là est la grande question. Comment faire lâcher la tétine à son petit de 2 ans et demi ? En principe progressivement le besoin de succion-non nutritionnelle pour se rasséréner s’estompe pour disparaître entre 2 ou 3 ans. L’enfant trouve d’autres moyens de se sécuriser puisqu’il acquiert le langage et peut exprimer ses besoins par la parole.

Certaines crèches, dès la grande section, demandent aux enfants de déposer leur tétine dans une boîte, un arbre à tétines ou dans leur casier le matin. Les professionnels leur proposent ensuite de la reprendre au moment de la sieste pour l’endormissement ou en cas de gros chagrin, car même à cet âge elle n’a pas totalement perdu ses vertus réconfortantes. Mais les choses doivent se faire en douceur et en accord des parents. L’idéal étant que chacun ait la même attitude sinon l’enfant ne s’y retrouve pas !

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La tétine au cœur de certains débats entre parents et crèches

Nombre de professionnels de crèches reprochent aux parents leur usage immodéré de la tétine pour clouer le bec à leur enfant dès qu’il pleure, crie ou s’exprime un tantinet trop fort. Stéphanie, auxiliaire de puériculture raconte : « Quand les parents viennent chercher leur enfant le soir, je remarque que même si ceux-ci ne demandent rien, comme un réflexe, une fois le petit installé dans la poussette, ils leur collent la tétine dans la bouche ! Et ce sont les mêmes qui nous demandent un coup de main pour les en sevrer ».

A l’inverse certains parents considèrent que la crèche ne les accompagne pas dans leur envie de faire lâcher la tétine à leur enfant en la lui proposant systématiquement pour la sieste et surtout ne comprennent pas la pagaille qui règne dans les sections entre les tétines. « On nous demande d’identifier la tétine de notre enfant, on donne une boîte avec son nom écrit dessus remarque Estelle, la maman d’Enzo, et le soir on retrouve la boîte avec la tétine d’un autre enfant ». Anaïs, maman d’un petit Gaspard de 19 mois s’insurge : « Bonjour l’hygiène, l’autre jour j’ai retrouvé Gaspard avec la tétine d’un autre dans la bouche ! ». Silvia, elle, remarque avec humour : « Je ne sais pas ce qu’ils font des sucettes à la crèche de Lucile. En principe il y a en a une qui reste toujours sur place et presque toute les semaines on me demande d’en apporter une autre. J’en déduis qu’il y a vrai un trafic de tétines ! Elles circulent beaucoup, se perdent … ».

À cela les professionnels répondent : évidemment c’est dommage mais les microbes ont mille et une autres façons de se propager à la crèche. Les enfants manipulent et portent à la bouche les jouets et les jouets appartiennent à tous ! Néanmoins la plupart des crèches désinfectent les tétines et les boîtes à tétines chaque jour et sont plus vigilantes encore sur les « échanges de tétines » volontaires ou involontaires quand les enfants sont malades.

Malgré ces petites tensions, en général parents et pros vont dans le même sens et l’enfant décide quand il est prêt. Et alors là, pas la peine de lui donner sa tototte, il la refusera. Il suffit d’un déclic : un changement de sucette qui ne lui convient pas, un oubli auquel il a survécu ou tout autre événement.

Rédaction : Marie Desplumes

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