Comment faire une place aux parents dans la vie de la crèche ?

Publié le : 05/04/2021

Les professionnels de la petite enfance insistent de plus en plus sur l’importance d’accueillir l’enfant ET ses parents. Mais en dehors des réunions et des « cafés des parents », il n’est pas toujours évident pour eux de s’impliquer dans la vie de la structure. Florence Bouillet, ancienne directrice de crèche, raconte comment elle mettait en place avec son équipe des petits ateliers pour intégrer les parents dans le quotidien de la crèche, parfois sans même qu’ils aient besoin d’être présents. Des astuces simples mais qui peuvent changer la donne.

Une newsletter hebdomadaire


« On sait que l’accueil de l’enfant va de pair avec l’accueil de ses parents pour entretenir un bon relationnel avec les familles. Pour moi, cela commence par être transparent avec eux : il faut leur donner un maximum d’informations pour qu’ils puissent se représenter la vie dans la structure. Quand je travaillais en crèche, on envoyait chaque semaine un e-mail aux familles qui récapitulait les événements passés et à venir en termes d’activités, d’animations, de sorties, le menu de la semaine, et où l’on donnait même des informations sur le fonctionnement de la crèche (par exemple, une commande de jouets en cours) et les mouvements des professionnels (qui ne serait pas là cette semaine et pourquoi) avec leur accord bien sûr ! En les tenant informés de tout, les parents sont rassurés, confiants et on remarque qu’ils ont beaucoup moins “d’exigences” avec nous professionnels.

Des petits jeux à faire en quelques minutes


Aujourd’hui on demande aux parents de s’impliquer, de participer à la vie de la crèche — c’est fondamental pour mieux accompagner leurs enfants. Mais ce n’est pas toujours simple pour eux de s’organiser avec leur temps de travail ou d’activité. C’est aussi à nous de nous adapter à eux, ce qui demande une vraie réflexion. Nous avons donc choisi, en équipe, d’observer le rythme des familles pour leur faire des propositions qui leurs correspondent. Dans ma crèche nous avions constaté que « l’heure d’affluence » avait lieu vers 8H30. On a alors imaginé d’organiser une activité courte à cette heure-ci, comme faire une pâte brisée. Animée par une maman d’un enfant accueilli, nous avons co-construit cette animation. Les parents qui souhaitaient participer s’inscrivaient avec leur enfant. Il n’avaient ainsi qu’à venir un plus tôt à la crèche ou de partir un peu plus tard au travail. Ils pouvaient ainsi passer un moment privilégié avec leur enfant à la crèche sans devoir poser leur demi-journée !
Une autre fois, nous avions proposé aux parents de chanter une chanson avec leur enfant à l’accueil lors du temps de transmission, pendant qu’on les filmait. Toutes les vidéos ont été rassemblées dans un DVD, c’était très sympa.

Et tout au long de l’année le « thème du mois » rassemblait le trio enfant-parent-professionnel autour d’un projet original. Animé à tour de rôle par chaque professionnelle en fonction de ses goûts il s’agissait de mettre en place un fil conducteur permettant d’animer la vie de la crèche. Par exemple, sur le thème de la cuisine, une semaine était consacrée aux fruits et légumes jaunes, l’autre sur les herbes aromatiques. L’équipe déclinait ensuite différentes animations : atelier du goût, peinture, lecture etc

Parmi les activités organisées, il y avait toujours un jeu pour les parents. Dans ce thème, deux jus bio atypique (jus d’herbe et jus de choucroute!) étaient disposés sans étiquette à l’entrée de la crèche. Il s’agissait de les goûter pour deviner ce que c’était, puis d’inscrire sa proposition dans un tableau affiché à l’entrée de la crèche (la réponse étant donnée par mail à la fin de la semaine). Les parents pouvaient jouer dès qu’ils passaient à la crèche et ça ne leur prenait que quelques minutes.

Des ateliers prétextes aux photos


Nous avions également réfléchi sur comment pouvoir les impliquer dans la vie de la crèche même quand ils ne sont pas présents physiquement, c’est important pour eux comme pour les enfants. Lors d’une rentrée, on avait choisi de mettre en place le thème « Monsieur et Madame ». Outre les livres de cette collection et autres ateliers imaginés, on avait installé un panneau dans l’entrée. Les familles étaient invitées à y afficher des photos de leur enfant avec ceux qui l’accompagnent à la crèche : eux-mêmes bien sûr, mais pourquoi pas sa baby-sitter, ses grands-parents… Cela nous a permis de mieux identifier qui était qui, mais aussi de créer du lien entre les familles. Par exemple deux papas qui travaillaient dans la même entreprise ont découvert grâce à ce panneau photos que leurs enfants allaient dans la même crèche, dans deux sections différentes.
On a aussi joué sur le thème du travail, parce qu’on en parle souvent aux enfants : « Ton papa travaille », « ta maman est au travail… » Mais ce n’est pas très concret pour les tout-petits. On a donc proposé aux parents de nous envoyer des photos d’eux pendant leur travail, un simple téléphone portable et le tour était joué ! Nous nous chargions ensuite de les imprimer et de les afficher à la crèche.

Impliquer les parents, toute une philosophie


Bien sûr on ne peut pas se limiter à proposer quelques activités et rester fermé sur le reste, ce ne serait pas cohérent. A la crèche, on proposait aussi une période d’adaptation ouverte : pendant les deux premiers jours, les parents pouvaient venir comme ils le souhaitaient puis progressivement n’être présents qu’à certains moments. Mais on gardait en tête qu’on n’accueille pas de la même manière une maman angoissée et une maman qui n’est pas, il faut rester souple. De même nous n’imposions pas de séparation, c’est le parent qui faisait le choix de nous confier son enfant lorsqu’il serait prêt. Ca fait toute la différence !. Et nous étions à l’écoute de toutes les demandes des parents, même si nous ne pouvions pas toujours y répondre favorablement. Il était très important pour la maman d’un des enfants accueillis de lui appliquer certaines crèmes (de marques spécifiques) à des moments précis de la journée. Certes, on ne peut pas faire du cas par cas pour tout en collectivité, mais sur ce point on s’est demandé si fondamentalement ça allait être contraignant pour nous. Il a semblé que ce n’était pas le cas donc on a accepté. En réalité, cette maman souhaitait surtout être sûr que l’on lui consacre un moment d’attention à son enfant et elle a été très sereine par la suite.

La co-éducation, dont on parle souvent en crèche, c’est aussi ça : respecter ses valeurs éducatives pour son enfant à travers des petites choses du quotidien. Ce n’est pas très compliqué, ça ne prend pas de temps, ça demande seulement une bonne organisation. »

Rédaction : L'équipe Les Parents Zens

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