Êtes-vous à risque de burn-out parental ?

Publié le : 22/05/2023

De plus en plus de parents ressentent de la lourdeur dans leur rôle de père ou de mère. La psychologue Lory Zephyr démystifie le burn-out parental, un syndrome tabou mais bien réel.

Problèmes de sommeil, maladies infantiles à répétition, devoirs qui virent au drame : bien que l’on porte un amour inconditionnel à ses enfants, la charge associée peut parfois sembler démesurée. Lory Zephyr, psychologue spécialisée en santé mentale maternelle, périnatalité, attachement parent-enfant et attachement dans les couples explique que le burn-out parental survient lorsque le père ou la mère vit un stress chronique en lien avec son rôle parental, sans avoir les ressources nécessaires pour y faire face. Il toucherait 5 à 8% des parents en France.

Personne n’est à l’abri, d’autant que la pandémie a nécessité de nombreux ajustements dans les deux dernières années. Néanmoins, certaines personnalités, comme les perfectionnistes, qui ont un niveau d’exigence élevé, ou les désorganisés, qui se sentent facilement dépassés, représentent des facteurs de risque. C’est aussi le cas de situations familiales particulières, par exemple lorsqu’un enfant rencontre des difficultés de développement ou qu’un parent se trouve à la tête d’une famille monoparentale.

Celle qui est aussi la co-fondatrice de "Ça va maman ?" un podcast et une plateforme québécoise sur le bien-être parental, nuance : “Le burn-out parental est à l’extrême du continuum : beaucoup de parents peuvent ressentir un certain niveau d’épuisement, sans pour autant être en burn-out”.

Les signes à surveiller

C’est souvent l’épuisement dans le rôle de parent qui constitue le premier symptôme. Concrètement, le père ou la mère a le sentiment d’être au bout du rouleau, que ce soit au niveau physique (fatigue), cognitif (impression d’être incapable de réfléchir correctement) et/ou émotionnel (sentiment d’être dépassé).

La perte de plaisir dans le rôle de parent constitue un autre signe d’alerte. Par exemple, la mère ou le père se sent submergé par les disputes entre ses enfants et n’a plus aucune envie de faire d’activités avec eux. « Cela peut induire une distanciation active avec les enfants », souligne Dre Zephyr, par exemple quand on en vient à rester tard au bureau plutôt que de rentrer chez soi.

Finalement, le parent ne se reconnaît plus dans son rôle de parent, il a un sentiment de contraste entre le parent qu’il était, ou qu’il voulait être, et celui qu’il est devenu. « Lorsqu’on perd souvent patience, que l’on ressent de la honte en se disant « je ne suis pas un bon parent », que la lourdeur dans le rôle de parent perdure même en effectuant de petits ajustements, c’est le signal qu’il faut aller chercher de l’aide et consulter », partage la psychologue. Elle souligne que le burn-out parental affecte l’estime de soi, les enfants, le couple et toutes les sphères de la vie.

Les solutions pour l’éviter

On ne peut pas démissionner de son rôle de parent, mais on peut effectuer des ajustements pour s’y sentir bien. Évidemment, la parentalité est très différente selon qu’elle se vit avec un entourage présent ou au contraire avec une famille géographiquement éloignée. Quelle que soit votre situation, il est important de reconnaître vos limites pour tendre vers le bien-être parental. Chaque parent doit réfléchir au déséquilibre entre charges et ressources, croit Lory Zephyr.

Pour être « un bon parent », vous estimez qu’il est essentiel que tous les repas soient bios et faits maison ? Il est temps de diminuer votre charge culinaire. Vous avez trois enfants, chacun inscrit à trois activités parascolaires ? À vous la simplification de l’emploi du temps ! Alléger votre charge passe aussi par l’augmentation des responsabilités données aux enfants. Leur confier des tâches appropriées en fonction de leur âge, que ce soit ramasser les jouets ou faire leur lessive, favorise le gain d’autonomie et le temps de qualité en famille.

Enfin, n’hésitez pas à demander de l’aide. Il faut déconstruire la perception que la parentalité se vit seul, affirme la psychologue. Mettez donc de côté la peur de déranger et mobilisez vos réseaux, qu’il s’agisse des grands-parents, des voisins, des amis ou encore des organismes communautaires. « Il faut être soutenu dans la parentalité, prendre un pas de recul et s’ajuster pour ne pas reconduire un cycle qui ne fonctionne pas », conclut Dre Lory Zephyr.

Rédaction : Florence Dujoux

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