Quel est le rôle du psychologue en crèche ?

Publié le : 20/01/2020

Les crèches sont de plus en plus nombreuses à compter un psychologue dans leur personnel. Il intervient plus ou moins régulièrement au sein d’une structure d’accueil du jeune enfant afin d’accompagner l’équipe dans ses pratiques auprès des enfants, mais également les parents en cas de besoin. Quel soutien peut-il apporter aux professionnels ?  

Que fait le psychologue en crèche ?  

Le rôle du psychologue en crèche est multiple : il est à la fois observateur, formateur, coach…  
 
Il veille à l’épanouissement et au bon développement des enfants, il accompagne les professionnelles dans leur pratique quotidienne, les sensibilise à repérer certains signes de retard chez les tout-petits, soutient les parents dans leur parentalité en répondant à leurs éventuelles inquiétudes, réfléchit avec la direction à une meilleure organisation pour soulager le stress des équipes…  
 
Le psychologue est autant là pour les enfants que pour les encadrants et les parents ! 

 

Le psychologue en crèche : un partenaire de travail précieux 

Le psychologue en crèche s’avère être un partenaire de travail précieux. Pourtant, en France, il règne encore une certaine crainte et confusion autour des métiers de la psychologie. Il est alors important de rappeler le rôle du psychologue aux professionnels de la petite enfance, qui parfois vivent mal sa présence.  

« En crèche, les professionnels pensent qu’on va se mettre dans un coin et analyser tout ce qu’il se passe. On va observer oui, mais on n’est pas là pour faire une psychothérapie, ni poser un diagnostic, ni faire de prescription. »  

Le psychologue en crèche est souvent considéré comme expert, comme magicien. Les équipes ont parfois trop souvent tendance à attendre de lui des solutions applications sur le terrain, avec des résultats immédiats.  

Pour Frédéric Groux, la pédagogie doit être inversée : le professionnel doit partir de sa problématique, explique la solution qu’il préconise et vérifier avec le psychologue si cette solution peut correspondre avec les besoins des enfants et des parents. « Les professionnels ont des compétences et des savoirs, qu’ils ont parfois du mal à appliquer sur le terrain. Ils voient ce qui pose problème, mais ne savent pas forcément comment y répondre. »  

Le rôle du psychologue n’est donc pas de donner des directives sur les actions à instaurer et les comportements à avoir, mais plutôt d’accompagner les équipes dans leur réflexion collective pour trouver les solutions adéquates à mettre en place. Il est également important de faire le point quelques jours plus tard pour vérifier que la solution trouvée a fonctionné ou pas. Dans le cas contraire, il faudra proposer autre chose. « Les professionnels ne pensent pas toujours à faire cette réévaluation. Souvent une seule solution est proposée et l’enfant est envoyé chez le psychologue si elle n’a pas fait effet. Mais comprendre les enfants est plus complexe que ça. On doit s’adapter à chaque situation. » Et c’est là le rôle du psychologue : désamorcer les blocages des professionnels. 

En prêtant une oreille attentive et bienveillance aux problématiques des professionnels, il les guide et les accompagne dans l’exercice quotidien de leurs fonctions. 

 

Un rôle préventif 

Tout comme les autres intervenants, le psychologue apporte un regard extérieur. Il peut ainsi jouer un rôle préventif pour l’enfant en repérant des signes de maladie génétique, de retard moteur, de problème de motricité : il évalue son développement, en collaboration avec le pédiatre ou le psychomotricien.  

Frédéric Groux précise que la crèche est aussi un des premiers lieux pour détecter des problèmes de maltraitance.  

Le psychologue peut également intervenir en prévention auprès des professionnels qui vivent des situations « traumatisantes ». Par exemple la séparation avec les enfants accueillis, parfois difficile pour les professionnels qui ont au fil du temps tissé un lien très fort avec les petits, ou quand des situations au sein de la crèche font resurgir des émotions. « Le comportement des enfants a une résonnance chez les professionnels — ils ne peuvent pas être des robots dénués d’affectivité ». Le psychologue peut les aider à trouver la bonne distance et gérer leurs émotions brutes.  

« Les professionnels verbalisent les émotions des enfants, les psychologues verbalisent les émotions des professionnels. Aujourd’hui nous sommes aussi garants de la sécurité psychique des adultes ». 

Le psychologue en crèche : une aide aussi pour les parents 

La crèche est un lieu qui accueille l’enfant et sa famille. Or le psychologue y est encore très peu connu des parents.  
Pour Frédéric Groux, il est important de favoriser le lien entre les deux. Il choisit donc de rencontrer assez tôt les parents pour leur expliquer que le psychologue n’est pas là qu’en cas de problème, il est aussi là pour les aider au quotidien. 

Il se peut toutefois que ce soit le psychologue lui-même qui, préoccupé par le développement du petit, demande à rencontrer les parents. Mais les parents aussi peuvent en faire la demande ! En cas de questionnements ou d’inquiétudes concernant le comportement ou l’évolution de leurs enfants, les parents peuvent prendre rendez-vous avec le psychologue de la crèche pour un entretien privé.  

Par ailleurs les professionnels peuvent être très exigeants avec les parents en pensant qu’ils partagent les mêmes connaissances sur l’enfant. Mais il y a d’un côté une institution avec des règles, de l’autre des parents qui parlent avec leurs ressentis. « En tant que psychologues, nous sommes là pour faire de la place aux parents. Nous avons parfois un rôle de coordination entre eux et l’équipe. » explique Frédéric Groux. 

Le psychologue en crèche n’est donc pas là pour poser un diagnostic, mais pour observer, écouter, aller plus loin dans la réflexion. Les professionnels de crèche accueillent l’enfant, répondent à leurs besoins. Les rôles du psychologue et des encadrants sont donc très complémentaires. 

 

Rédaction : Marie Desplumes 

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