5 questions sur l’anxiété et les tout-petits

Publié le : 22/03/2021

L’anxiété est encore rarement évoquée chez les tout-petits. Pourtant, 10% à 15% des enfants d’âge préscolaire ont reçu un diagnostic de trouble anxieux, et les experts pensent que l’anxiété touche une proportion d’enfants bien plus grande. Nancy Doyon, coach familial, auteure et chroniqueuse a co-signé « Pleurs, crises et opposition chez les tout-petits… et si c’était de l’anxiété ? », un guide proposant des stratégies d’intervention et de prévention concrètes, abondamment testées auprès des tout-petits. 

 

L’anxiété, c’est quoi ? 

« L’anxiété est une forte inquiétude qui peut s’avérer paralysante. Elle est liée à l’appréhension et à l’évaluation souvent disproportionnée d’un risque », écrit Nancy Doyon. L’auteure explique la distinction entre stress et anxiété en prenant le cas d’un enfant en bas âge qui côtoierait un chien. Si le tout-petit sursaute et crie à l’approche de l’animal, il éprouve du stress, car son système d’alarme interne est déclenché par un risque réel et rapproché dans le temps. Si le bambin refuse d’aller au parc parce qu’il craint de voir un chien, il est dans l’anticipation et l’appréhension d’une situation : c’est de l’anxiété. 

Pourquoi ne parle-t-on pas plus de l’anxiété chez les tout-petits ? 

Selon Nancy Doyon, c’est tout simplement parce que les jeunes enfants verbalisent peu, ce qui rend l’anxiété plus difficile à détecter par les adultes de leur entourage. « Les tout-petits vont rarement dire « je suis inquiet ». La plupart du temps, ils développent des comportements d’opposition, font des crises, refusent de collaborer ; ou au contraire, ils adoptent une passivité excessive, parlent peu, sourient peu », explique la coach familial. Pas toujours évident pour les éducatrices ou pour les parents de cerner ce qui se passe réellement ! 

Quand s’inquiéter ? 

Durant la petite enfance, l’anxiété peut s’avérer adaptative et passagère. Peur du noir, anxiété de séparation ou peur des bruits soudains font ainsi partie du développement normal de l’enfant. Mais alors, quand tirer le système d’alarme? « Quand des comportements récurrents génèrent de l’anxiété », conseille Nancy Doyon. Ainsi, si l’enfant ne trouve plus le sommeil ou s’il a mal au ventre tous les matins avant d’aller à la crèche, il faut chercher des outils pour l’aider à mieux gérer les émotions désagréables. 

Quels sont les facteurs d’anxiété chez les jeunes enfants ? 

« Plus le tout-petit est confronté à des agents stressants, plus il est susceptible de développer un stress chronique et plus il est à risque de souffrir de problèmes d’anxiété », explique Nancy Doyon. Première chose à évaluer, le rythme de vie : être bousculé dans le temps représente un facteur de stress, qui, s’il devient chronique, génère de l’anxiété. Le manque de sommeil, la sur-stimulation visuelle, auditive ou cognitive et l’absence de routine stable peuvent également être en cause. 

 

Concrètement, quelles stratégies contre l’anxiété en crèche ? 

Nancy Doyon suggère plusieurs pistes d’intervention et de prévention, parmi lesquelles : 

  • Une atmosphère douce et enveloppante 

    On évite de surcharger le décor avec des couleurs vives et trop de décorations colorées. On privilégie la lumière naturelle et on prévoit un coin détente (coussins, livres, peluches, etc.) pour que les petits puissent s’isoler et jouer seuls. 

  • Des espaces de jeu distincts 

    Diviser les espaces dans le local (coin cuisine, coin construction, etc.) s’avère judicieux pour limiter le nombre d’enfants par activité, afin qu’ils ne soient pas constamment envahis dans leur bulle. 

  • Une grande proximité avec l’adulte 

    Il est primordial que l’éducatrice se montre aimante, affectueuse et empathique. Elle prend le temps de s’asseoir près de l’enfant, de sourire, de lui parler et de le prendre dans ses bras. 

  • Des activités bien équilibrées 

    On veille à offrir une alternance entre des activités « qui bougent » et des moments calmes, sans oublier les temps de relaxation (chant, massage, respiration, yoga, etc.). 

  • Davantage de jeu libre 

    Si le jeu structuré a ses avantages, l’enfant a également besoin de jeu libre, ni organisé ni animé par une éducatrice. Il permet au cerveau de se relaxer et en plus il développe la créativité, l’autonomie et la capacité de résolution de problèmes ! 

  • Moins de bruit 

    Dehors les jouets à pile ! On laisse les enfants découvrir leur environnement et se développer à leur rythme. Pourquoi ne pas faire écouter de la musique douce aux bambins, qui a la propriété de stimuler la production de dopamine, une hormone qui calme l’anxiété ? 

  • Plus de contact avec la nature 

    On emmène les tout-petits jouer dehors souvent, et si possible dans des environnements naturels (faire des collections de cailloux, construire un herbier, etc.) 

Permettre au tout-petit de prendre des pauses ! D’après Nancy Doyon, dans un environnement idéal, il ne devrait pas dépasser 35 ou 40 heures de présence en crèche par semaine. Et, à l’instar des adultes, n’oublions pas que les bambins ont besoin de prendre des vacances de temps à autre !

Rédaction : Florence Dujoux

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